J’ai rencontré Dame Nadège à la prison civile de Cotonou, lors d’une visite à un parent. Elle a accepté que son histoire soit partagée afin que d’autres entrepreneurs n’aient pas à commettre les mêmes erreurs.

Mon histoire est celle de mon échec en tant que jeune femme entrepreneure.

A la base je suis courtière en assurance. J’étais dans une compagnie d’assurance où mes revenus ne me permettaient pas de tenir un mois. J’avais à ma charge, ma fillette de 3ans puis un mari, un mari chômeur . Il y a 3 ans, je me suis associée avec quatre amis pour créer une société de courtage, de services financiers, et de trading. La structure étant enregistrée comme un établissement, les comptes bancaires étaient en mon nom. Mes associés me faisaient entièrement confiance.

Au bout de deux mois d’activités, nous avions commencé par réaliser des bénéfices. La structure faisait du chiffre et mon comportement a commencé par changer. Mais c’est avec du recul que j’ai compris que certaines de mes options n’étaient pas les bonnes mais il était déjà trop tard pour les corriger. Par exemple j’étais devenue arrogante avec mon entourage, je fréquentais de grandes boutiques, et je ne mangeais que dans des restaurants coûteux.

J’ai évincé les autres actionnaires

Mon mari et ma belle-famille qui bénéficiaient de mes largesses me mirent en garde contre de supposées proches amis qui seraient envieux de mon succès et voudraient me nuire. J’ai alors suspecté mes associés. J’ai mis  en place des stratégies pour les évincer de la structure. Ma stratégie ayant porté ses fruits, j’étais libre de décider de la gestion et de l’orientation des fonds.

Je confondais ma poche aux entrées de l’établissement. Au départ, l’établissement n’avait pas été enregistré comme structure de microfinance, mais très vite nous avons basculé sur ce terrain qui était très rentable. Nos activités étaient donc illégales.

Au bout de neuf mois d’activité, j’avais trois agences et une dizaine d’agents collecteurs à mon service. En violation des procédures légales, j’ai octroyé des prêts de sommes faramineuses à des membres de ma belle-famille et à des proches. J’avais le sentiment d’être le maître du monde, les milieux huppés de Cotonou n’avaient plus de secret pour moi. Jusqu’à ce qu’un mardi matin, vienne ce monsieur chauve de la Brigade Economique et Financière ! La très célèbre BEF. Mon monde venait de s’écrouler.

Le procès

J’ai été jugé pour violation des lois sur le système financier décentralisé et pour escroquerie avec appel public à l’épargne. Ma peine était: quinze ans de prison ferme avec un montant de deux cents cinquante millions à verser à l’Etat pour préjudices et dommages. Mais j’ai crié à qui voulait l’entendre que j’avais été dénoncé par mes amis évincés. Durant ma première année en prison, mon mari m’a quitté, j’ai appris qu’il s’est remarié. A 29 ans, j’avais ainsi gâché ma vie, elle s’annonçait pourtant radieuse.

L’entrepreneuriat par passion

Aujourd’hui je partage mon histoire avec toi afin que tu ne fasses plus les mêmes erreurs que moi. L’entrepreneuriat est le chemin du salut quand on respecte certaines bases. Il faut connaitre les techniques de gestion. Faire la part entre les entrées et le bénéfice. Par ailleurs, il faut éviter d’entreprendre dans de l’illégal. Tôt ou tard, vous serez démasqué. En tant qu’entrepreneure, il faut avoir la culture de l’humilité et développer une certaine rigueur dans la gestion des fonds. Allez vers l’entrepreneuriat par passion et non par nécessité.

3 pensées sur “Mon échec en entrepreunariat”

  1. Rien ne vaut la sagesse que porte à nous entrepreneurs votre récit. Histoire de fait réelle, nombreux sont les entrepreneurs qui tombent sous le coup de la loi par méconnaissance par ignorance ou négligence. Il y a beaucoup à gagner dans l’entrepreneuriat. Il faut s’armer de beaucoup de courage pour le faire et surtout ne pas attendre un tiers pour vous pousser.

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